La vérité sur la reconversion en France | Part. 1
De multiples articles fleurissent sur internet et évoquent cette « frénésie » à vouloir se reconvertir. On peut facilement lire sur le web des titres d’articles ou des phrases comme : « Se reconvertir : une nouvelle tendance », « L’époque encourage à la reconversion (…) aujourd’hui, tout le monde veut changer de vie », « L’attrait des Français pour la reconversion professionnelle », etc.. La prise de conscience professionnelle n’est pourtant pas une mode, mais bien le reflet d’une société défaillante qui mise encore trop sur le profit au détriment de l’humain. Résultats : les actifs sont malheureux, stressés, fatigués et démotivés. Ce sujet important est parfois traité avec légèreté, ce qui démontre un manque de compréhension envers ce que vivent la moitié des actifs français. Combien d’actifs changent vraiment de métier ? Quels sont leurs profils ? Pourquoi passent-ils à l’acte ? Afin de remettre les choses au clair et de vous permettre de vous situer vis-à-vis de cette démarche, voici la vérité sur la reconversion traitée dans un bilan en 2 parties.
L’état des lieux de la reconversion professionnelle en France
Comme nous l’évoquions en introduction, le ton employé par les médias pour parler de la reconversion professionnelle est parfois condescendant, ou du moins très léger. Comme si changer de carrière ne demandait pas de courage ni de concession. Comme si les actifs étaient plus capricieux que pragmatiques. Comme si changer de métier était un divertissement, un simple « attrait » que l’on aurait pour quelque chose. Comme si c’était un projet « en vogue » ou « dans le vent », vu comme la dernière tendance chez les actifs en mal d’action. Se reconvertir est pourtant une démarche bien plus poussée que cela, qui demande de l’investissement, de l’audace et de la persévérance pour être réussie et bien conduite. Certes, comme les faits l’énoncent tout de même, les Français sont de plus en plus nombreux à souhaiter changer de métier. D’après les résultats d’une étude menée en juin 2020 par BVA, 48 % des actifs français songent à la reconversion professionnelle ou sont en train de se reconvertir, mais combien d’entre eux franchissent véritablement le cap ? Voici la répartition des actifs sondés selon l’avancement de leur projet :
- 17 % ont effectué et terminé leur reconversion ;
- 5 % sont en train de changer de carrière ;
- 12 % se sont renseignés et comptent prochainement passer à l’acte ;
- 14 % n’en sont encore qu’au stade de la réflexion.
Ces chiffres le démontrent parfaitement, changer de carrière n’est pas systématique. Les enjeux qui se cachent derrière cette démarche sont plus complexes que le simple fait de tout plaquer pour vivre de sa passion et réaliser ses rêves.
Les profils qui se reconvertissent le plus
Les résultats de l’enquête de BVA permettent d’identifier 3 catégories d’actifs qui s’engagent ou envisagent le plus de s’engager dans une nouvelle voie professionnelle. Là encore, les conclusions peuvent surprendre :
- les personnes actives qui occupent le même poste depuis 4 ou 5 ans (63 %) ;
- les actifs âgés de 25 à 34 ans (54 %) ;
- les actifs âgés de 35 à 44 ans (56 %).
On constate que la majorité des plus jeunes actifs ne sont pas satisfaits de leur vie professionnelle et souhaitent ou sont déjà en train de changer de carrière, à peine entrés dans le monde du travail. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la raison de ce phénomène ne s’explique pas parce que les jeunes sont plus enclins à la mobilité professionnelle que les personnes entrées dans la vie active depuis plus longtemps. Ils n’ont simplement pas le choix, faire preuve de souplesse dans leur parcours n’est désormais pas une option afin de protéger leur avenir professionnel. D’après l’INSEE, un actif tout juste entré sur le marché du travail devra changer 4,5 fois d’employeur en moyenne dans sa carrière. La sécurité de l’emploi n’étant plus assurée par les piliers historiques (CDI, plein emploi, etc.), la meilleure façon de sécuriser sa carrière est de rester flexible et perméable au changement. La part d’actifs en milieu de carrière qui envisagent ou s’engagent dans une reconversion professionnelle est également importante et est à souligner puisqu’elle représente plus de la moitié des personnes en activité dans cette tranche d’âge. Ce phénomène s’explique en partie par le déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle qui peut survenir à cette période. On relève également une certaine lassitude à exercer le même emploi après 4 à 5 années d’ancienneté, ce qui est surement l’une des causes sous-jacentes de syndromes tels que le bore-out ou le brown-out. Si la reconversion est un choix de plus en plus courant chez les actifs, elle est soumise à des obstacles qui peuvent freiner sa mise en œuvre. Être conscient des barrières courantes qui peuvent entraver votre projet vous permettra probablement de ne pas paralyser trop longtemps votre prise de décision. Découvrez ces obstacles à la reconversion dans la deuxième partie de ce bilan.