Entrepreneuriat au féminin en France | État des lieux
L’entrepreneuriat au féminin se heurte trop souvent à des obstacles : disparités, emploi du temps ingérable, stéréotypes, manque de financement et la liste est encore longue. C’est pourquoi en 2013, le gouvernement lance le plan « Entreprendre au féminin ». L’objectif de ce projet est de réduire les inégalités en accompagnant et en aidant les femmes françaises dans la création d’entreprise. Depuis sa mise en œuvre, 40 % d’entreprises individuelles sont dirigées par des femmes, on compte également 30 % de femmes créatrices de micro-entreprise. Malgré leur hausse, ces chiffres restent inégalitaires et les femmes font toujours face à plus de difficultés que les hommes pour entreprendre. Cet article vous aide à saisir pourquoi et vous fait découvrir comment, en France, des acteurs les soutiennent.
L’entrepreneuriat au féminin et les inégalités d’accès aux financements
Lors des demandes de crédits, les femmes essuient plus de refus que les hommes. Ainsi, alors que 4,3 % de femmes voient leur demande de crédit rejetée, du côté des hommes ce taux ne dépasse pas 2,3 %, selon le baromètre du Boston Consulting Group (BCG). D’après Sista, le collectif de femmes entrepreneurs et investisseurs, la parité dans l’entrepreneuriat ne serait pas atteinte avant 2029. Valentine de Lasteyrie constate et dénonce : « À projet égal, les investisseurs préfèrent soutenir les présentations portées par des voix masculines. Lors des entretiens, ils questionnent les hommes sur comment ils vont leur faire gagner de l’argent et les femmes sur les risques qu’elles leur font prendre. Forcément le porteur de projet ne peut pas être dans les mêmes prédispositions pour répondre. ». Malheureusement, ces stéréotypes de genre non fondés sont encore fortement ancrés et empêchent les femmes en quête d’autonomie professionnelle d’accéder facilement au financement de leur projet. Ces préjugés ne sont d’ailleurs pas les seuls à faire obstacle à l’entrepreneuriat au féminin.
Les préjugés encore présents qui nuisent aux femmes entrepreneurs
La maternité : motif de discrimination
L’entrepreneuriat au féminin reste aujourd’hui compliqué d’accès. Emmener les enfants au cours de natation, prendre rendez-vous chez le médecin, penser à prendre le pain pour le dîner… Voilà les missions quotidiennes qui incombent abusivement aux mères, et ce, même lorsque celles-ci travaillent. Inscrit dans le dictionnaire depuis mai 2020, le terme « charge mentale » désigne toutes les activités dont les femmes doivent se préoccuper. Cela va des tâches domestiques, au bien-être de la famille. Encore aujourd’hui, des stéréotypes persistent, tels que l’idée selon laquelle une mère doit prioritairement s’occuper des enfants et plus généralement de la bonne marche du foyer. D’ailleurs, plus d’une femme sur deux estime que son conjoint ne s’implique pas assez dans l’organisation des tâches ménagères. Le père, quant à lui, peut facilement accorder plus de temps à son travail et sa carrière. Un phénomène qui s’estompe peu à peu, mais qui pourtant reste bien réel dans certaines cellules familiales. Ces idées patriarcales font de l’entrepreneuriat au féminin un projet encore difficile d’accès. En effet, associées à la charge mentale, les initiatives des femmes pour construire un projet d’entreprise sont d’autant plus compliquées à mettre en place. Le changement de cette situation passe donc par une prise de conscience, assortie de mesures politiques, éducatives et sociales. À l’avenir, plusieurs aménagements pourront être mis en œuvre pour aider les femmes entrepreneurs dans de bonnes conditions. Par exemple, grâce à un allongement du congé paternité ou en laissant la possibilité aux hommes de terminer le travail plus tôt à la place des femmes. Ceci pourrait rendre aux pères leur véritable place au sein de la sphère familiale (qu’ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer d’ailleurs) et laisserait plus de temps aux mères de s’épanouir professionnellement.
Les secteurs genrés : la perpétuation de l’entre soi
Les femmes entrepreneurs ont tendance à rester dans un type d’activité défini, car ils sont plus facilement accessibles. En effet, elles sont majoritairement présentes dans les secteurs tels que :
- le commerce,
- l’aide à la personne,
- la vente,
- le transport,
- la restauration.
Tandis que certains secteurs d’activités demeurent masculinisés :
- aviation,
- BTP,
- armée,
- métallurgie,
- machine/équipement automobile.
Les femmes ont beaucoup plus de mal à y trouver leur place. L’orientation professionnelle tient encore pour beaucoup de la société et de l’image que les femmes sont supposées avoir plutôt que de leurs capacités individuelles. Cela affecte grandement l’entrepreneuriat au féminin.
Les biais cognitifs : facteur psychologique qui favorise les préjugés
Le fait que les femmes soient sous représentées dans l’entrepreneuriat ou dans certains secteurs d’activité, s’explique par la forte présence des biais cognitifs dans l’imaginaire collectif. Les biais cognitifs se définissent par des raccourcis de pensée qui créent une distorsion dans la réalité. Par exemple, une femme qui est belle et apprêtée est considérée par certaines personnes, du fait de son physique avantageux, comme moins intelligente. Une conclusion bien évidemment fausse, mais qui illustre parfaitement le phénomène. Le manque de femmes entrepreneurs additionné aux biais cognitifs de chacun engendre donc un cercle vicieux qui accentue les préjugés envers ces dernières. Ainsi, lorsque les investisseurs sont confrontés à des femmes porteuses de projet, ils ont tendance à ne pas les prendre au sérieux et à négliger leurs compétences par insuffisance de projet féminin auxquels se référer. Camille Morvan spécialiste des sciences cognitives qu’elle a enseignées à Harvard et co-CEO de Goshaba explique : « Cette hypothèse pourrait bien s’appliquer au monde des start-up : comme il y a moins de femmes dans ce domaine, et donc moins d’informations sur leurs potentielles réussites, on plaque des préjugés. Concrètement, les hommes ayant un biais de sur-confiance accrue (comparativement aux femmes, ils se sentent plus en confiance à compétence égale), un investisseur pensera a priori qu’une femme, qui se met moins en avant, aura un projet moins solide. Or les deux ne sont pas directement liés, car le fait de se mettre en avant dépend aussi de ce fameux biais de sur-confiance ! »
Quels financements pour les femmes entrepreneurs ?
Depuis quelques années des dispositifs ont été mis en place pour aider les femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat. Retour sur ces solutions qui permettent aux femmes de s’affranchir et lancer leur projet.
La garantie égalité femmes
La Garantie Égalité Femmes est une initiative de l’organisme France active qui permet aux créatrices d’entreprise, aux femmes qui reprennent une entreprise ou souhaitent développer leur activité, d’accéder au crédit bancaire facilement. Cette garantie est ouverte à toutes, quelle que soit la forme juridique de l’entreprise et le secteur d’activité. Elle couvre jusqu’à 80 % du montant du prêt et peut atteindre 50 000 euros. Ce prêt finance à la fois le BFR (besoin en fonds de roulement) et les besoins en investissement. En plus de cela, l’organisme se positionne en tant que conseiller pour les femmes dans leur stratégie financière et leurs relations avec les banques. Il les met également en relation avec les acteurs locaux qui pourraient être intéressés par leur projet.
Le NACRE
Le NACRE (nouvel accompagnement pour la création ou reprise d’entreprise) a pour but d’aider les femmes dans la finalisation technique de leur projet. Il faut cependant que ce projet ait été préalablement réfléchi, car ce dispositif n’aide pas à la naissance du projet. Si vous avez besoin d’aide concernant la construction de votre projet, des solutions comme celles proposées par Moovéus existent pour cela. Le NACRE, lui, propose d’accompagner les femmes entrepreneurs lors de trois différentes étapes :
- le montage du projet, de la finalisation, à l’étude de faisabilité et des potentielles difficultés ;
- la structuration financière du projet, pour trouver des financements, être appuyée par un réseau auprès des banques et créer son plan de financement ;
- le démarrage du projet afin d’évaluer les potentielles difficultés et être épaulée lors de situations conséquentes.
Le prêt d’honneur
Le prêt d’honneur est accordé aux entrepreneurs qui n’ont aucun apport pour lancer leur entreprise. Il s’agit d’un prêt à l’intention de la personne, à taux zéro. Deux organismes peuvent actionner ce dispositif :
- initiative France ;
- réseau entreprendre.
Le montant du prêt varie entre 2 000 et 30 000 €, il est attribué et déterminé par un comité constitué de chefs d’entreprises, de cadres, d’experts comptables, de banquiers. Il ne nécessite aucune garantie personnelle ou réelle. Le remboursement s’étale sur une période de 3 à 5 ans. Ce prêt peut notamment servir à obtenir une contribution de la part des banques. Ainsi, pour chaque euro versé, les banques peuvent ajouter entre 7,8 euros et 13 euros. Ce dispositif est un véritable atout pour les femmes entrepreneurs.
Le micro crédit
Le micro crédit est accordé aux personnes exclues du système bancaire en raison de leurs revenus insuffisants ou bien d’une situation professionnelle problématique. Il peut être utilisé de différentes façons, notamment pour le développement d’un projet professionnel. Pour bénéficier de ce prêt pour reprendre ou créer une entreprise il est nécessaire d’avoir un projet professionnel construit. Il s’agit aujourd’hui d’un réel atout pour l’entrepreneuriat au féminin. L’avantage est d’être accompagné par une association qui s’occupe de contacter les banques et présenter leur présenter le projet. Là encore il n’est pas nécessaire de disposer d’un apport personnel ou de revenus. Le montant du prêt se situe entre 300 et 5 000 euros et son remboursement peut s’étaler de 6 mois à 5 ans avec un taux variable entre 1,5 et 4 %. Rapide à obtenir et flexible, le micro crédit est un levier idéal à actionner pour les porteurs de projet qui n’ont pas ou peu de fonds.
Les mesures pour soutenir l’entrepreneuriat au féminin
Les initiatives mises en place pour soutenir les femmes entrepreneurs sont nombreuses. Cela va de l’incubateur aux associations. On peut citer quelques aides qui permettent aux femmes de progresser et d’allier leur vie personnelle et professionnelle.
WILLA : l’incubateur pour les femmes entrepreneurs
1 000 femmes ont été accompagnées et plus de 500 startups lancées. Telles que Youboox et Magic Makers, les success-stories sont nombreuses. Du soutien personnalisé est proposé pour les résidents de l’incubateur. Des ateliers collectifs et individuels pour développer son projet et mieux comprendre ses enjeux sont également proposés. Ce projet soutient l’entrepreneuriat au féminin depuis plus de 15 ans.
Women who do stuff : des portraits de femmes inspirantes
Women who do stuff est un média associatif qui propose chaque mois une newsletter dans laquelle des portraits de femmes au parcours atypique sont présentés. Cette initiative existe également au format magazine, qui peut être acheté sur le site. Le média y traite des sujets tels que la littérature, la pollution digitale, la gynécologie, la sororité, la technologie, avec de nouvelles thématiques chaque mois. Plus de 50 journalistes, auteurs, illustratrices s’allient pour traiter de sujets propres aux femmes en long, en large et en travers.
Réseau des Mampreneurs : être mère et pro
Soutenir et promouvoir l’entrepreneuriat au féminin, c’est ainsi que se définit le réseau des Mampreneurs. Ce réseau est destiné aux femmes qui sont à la fois mères et entrepreneurs, pour les aider à trouver le bon équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. L’association les aide dans ce sens en leur permettant de ne plus avoir à choisir entre leur vie de famille et leurs ambitions professionnelles. Les femmes entrepreneures peuvent à la fois diriger leur entreprise en respectant les valeurs et priorités qui leur sont chères, tout en profitant de leurs enfants. Le réseau offre à la fois un soutien et des échanges avec d’autres Mampreneurs, mais également des conseils et ateliers pour développer l’entrepreneuriat au féminin.
Les rôles-modèles de l’entrepreneuriat au féminin
Les rôles-modèles sont primordiaux pour encourager les femmes à faire aboutir leurs projets professionnels. Les rôles-modèles sont représentés par les grandes figures de l’entrepreneuriat au féminin. On peut notamment citer :
Arianna Huffington, fondatrice du journal Le Huffington Post qui au fil des ans est devenu un média international ;
Mélanie Perkins, co-fondatrice de Canva, plateforme de conception graphique, qui permet de rendre accessible la création de documents graphiques élaborés gratuitement et sans connaissance de la suite Adobe ;
Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi, la plateforme spécialisée dans la création de cagnottes ;
Mathilde Lacombe, fondatrice de Birchbox, le colis mensuel qui permet de recevoir des nouveautés cosmétiques adaptées à chacune. Les exemples de femmes entrepreneurs qui ont réussi à se faire une place dans l’entrepreneuriat renforcent les initiatives menées par leur congénère. Les rôles-modèles sont à la fois inspirants et incitent à l’action. Ces modèles permettent aux femmes de considérer l’entrepreneuriat au féminin ainsi que la création ou la reprise d’entreprise comme une possibilité réaliste, mais aussi de lutter contre l’auto censure et le sentiment de non-légitimité. Malgré des obstacles qui ont la vie dure, des solutions existent pour encourager l’entrepreneuriat au féminin. Ces mesures se multiplient pour aider les femmes à mettre en œuvre leurs ambitions professionnelles sans être obligées de délaisser leur vie personnelle. Ce choix draconien n’étant plus à faire, les femmes entrepreneurs peuvent, plus sereinement, envisager le futur de leur carrière. Vous êtes une femme et vous souhaitez vous lancer dans la grande aventure de l’entrepreneuriat ? Chez Moovéus nous pouvons aider les femmes entrepreneurs au travers de deux de nos solutions. Avec un parcours de formation express dédié à l’entrepreneuriat. Ou grâce à un outil d’aide à la création d’entreprise particulièrement efficace. Renseignez-vous en contactant gratuitement l’un de nos conseillers.