Pour certains métiers, la question du choix entre salariat et entrepreneuriat peut se poser. Car si le travail en lui-même ne change pas, les conditions autour ne sont pas les mêmes pour un salarié que pour un indépendant. Si vous rêvez de combiner la liberté de l’entrepreneuriat et la sécurité du salariat, un statut peut répondre à vos attentes : le portage salarial. Une protection sociale au même titre que les salariés d’une entreprise, des droits à l’assurance chômage, une cotisation à la retraite tout en bénéficiant de la liberté de choisir vos missions et vos horaires…. ce ne serait pas trop beau pour être vrai ? Eh bien non, dans les faits, le portage salarial tient ses promesses ! Cependant, il y a quelques points à connaître avant de choisir ce statut pour exercer une activité indépendante sous le statut de salarié. Nous les avons réunis dans cet article afin de vous aider à faire un choix éclairé, si le portage salarial est une solution qui vous intéresse.
Le portage salarial, c’est quoi ?
Le portage salarial est un statut créé dans les années 1980 mais véritablement structuré en 2008 par la loi dite de modernisation du travail.
Ce statut est depuis reconnu comme une organisation du travail tripartite, entre :
- un professionnel (le salarié porté) ;
- une société de portage salarial ;
- et un client (généralement une entreprise).
Le portage salarial fait l’objet de la signature d’un contrat de travail, au même titre que toute autre collaboration par la voie du salariat. La différence avec un emploi salarié classique est que le contrat est conclu entre la société de portage et le salarié. L’entreprise qui propose une mission au salarié porté n’est reconnue qu’en tant que cliente. Elle n’a pas de droit sur les termes du contrat de travail.
Chaque mois, le salarié porté reçoit un bulletin de salaire. Le montant de ce dernier correspond à son chiffre d’affaires mensuel moins la commission que perçoit l’organisme de portage salarial.
Les avantages du portage salarial
Les avantages du portage salarial sont non négligeables. Pour certaines catégories d’activité, ils peuvent représenter une réelle opportunité de se lancer à son compte. Nous avons réuni les principaux points positifs du portage salarial afin que vous puissiez vous en faire un avis objectif.
La sécurité du salariat
Le contrat de travail
Le portage salarial est une forme à part entière de salariat, puisque la société de portage est habilitée à embaucher une personne en contrat à durée déterminée (CDD) ou à durée indéterminée (CDI).
Dès lors, les conditions de protection sociale sont les mêmes que pour n’importe quelle personne intégrant une entreprise par la conclusion d’un contrat de travail.
C’est d’ailleurs la raison principale d’opter pour le portage salarial lorsque l’on développe une activité en tant qu’indépendant !
Les droits : congés, protections et assurances
Le salarié porté acquiert donc des droits comme le droit à l’assurance chômage. Il pourra en bénéficier au terme d’un CDD non renouvelé avec son organisme de portage salarial, ou à l’issue d’un CDI dans le cadre d’une rupture conventionnelle ou d’un licenciement.
Au même titre que tous les salariés, le salarié porté forme 2.08 jours de congés payés par mois travaillé. Cependant, il ne bloque pas ses congés auprès de la société de portage, puisqu’il organise son temps de travail comme il le souhaite. Il les récupère directement sur sa fiche de paie sous la forme d’une indemnité compensatrice de congés payés (ICCP).
La cotisation à la caisse des retraites est aussi une raison qui pousse de nombreux indépendants à passer au portage salarial. En effet, dans la plupart des statuts indépendants, la cotisation à la retraite n’est possible qu’à partir d’un chiffre d’affaires minimum.
Enfin, les avantages bien connus des salariés comme la mutuelle d’entreprise ou l’assurance prévoyance santé sont des bonus qui peuvent pousser à passer au portage salarial. Leur niveau de prise en charge dépend cependant de chaque organisme de portage salarial.
La liberté de l’entrepreneuriat
La liberté est ce qui pousse de nombreux salariés à se lancer dans l’entrepreneuriat en montant leur propre business. En portage salarial , rien ne change de ce côté là ! Le salarié porté est libre d’organiser ses journées comme il le souhaite, entre rendez-vous clients et télétravail.
Pour certaines missions, il peut être convenu qu’il travaille chez le client, mais cela doit être fixé au préalable entre les trois parties. Pour le reste, être salarié porté ne vous incite pas à choisir une mission plutôt qu’une autre.
En signant un contrat de travail avec un organisme de portage, vous vous engagez à développer votre clientèle, mais cela ne vous empêche aucunement de refuser une mission si vous estimez qu’elle ne correspond pas à votre positionnement, par exemple.
Outre la liberté d’organisation, faire partie d’un organisme de portage salarial peut vous donner accès à un réseau d’entrepreneurs dans de nombreux secteurs d’activité. Vous bénéficiez également de l’expertise de nombreux professionnels pour vous conseiller sur le développement de votre activité.
Un accompagnement administratif et financier
Pour être salarié porté, pas besoin de disposer d’un statut juridique indépendant au préalable. Bien entendu, si vous exercez actuellement sous le régime de la micro-entreprise ou que vous êtes à la tête d’une société, vous pourrez tout à fait transférer votre activité sous le régime du portage salarial. Comment ? En fermant votre structure, tout simplement.
La signature d’un contrat de travail en portage salarial suffit à légaliser la facturation de missions auprès de vos clients.
Justement, en ce qui concerne la facturation : aucune gestion financière n’est nécessaire en portage salarial. Vous fixez les prix de vos prestations, et vos clients les règlent directement à l’organisme de portage. En l’échange d’une commission sur votre CA, cette dernière s’occupe d’envoyer vos factures, de déclarer vos revenus, de payer les éventuelles taxes, etc..
En somme, opter pour le portage salarial, c’est bénéficier d’un accompagnement administratif et financier si important que vous n’avez (presque) plus rien à gérer de ce côté-là. Tout le travail de comptabilité se traduit de votre côté en un bulletin de salaire chaque mois.
Les inconvénients du portage salarial
Bien entendu, on aurait aimé ne vous présenter que des avantages en vous parlant du portage salarial, mais ce statut relativement récent souffre encore de quelques lacunes. Surtout, il est concurrencé par des statuts indépendants de plus en plus souples, en particulier celui de la micro-entreprise. Le portage salarial est finalement rarement le premier choix des travailleurs indépendants et professions libérales. Poursuivons notre analyse pour vous permettre de vous faire une idée objective sur ce statut particulier.
Le montant de la commission prise par les organismes de portage
Quand on se lance à son compte, on a envie de voir rapidement le fruit de ses efforts, de commencer à gagner de l’argent. Le problème avec le portage salarial, c’est qu’il inclut des frais de gestion de l’ordre de 10 % du chiffre d’affaires en moyenne.
Beaucoup d’indépendants se lancent en parallèle d’une activité salariée ou de droits aux allocations chômage pour s’assurer une sécurité financière. Or, choisir le portage salarial à ce moment de l’aventure n’est pas intéressant puisque cela implique de se passer de certains droits, que ce soit les allocations pour les demandeurs d’emploi ou encore le projet de transition professionnelle (PTP) pour les salariés.
En début d’activité, il est donc généralement préférable d’opter pour la micro-entreprise (ou d’un statut de société si vous souhaitez vous associer), puisque les cotisations sociales ne vous sont pas demandées au cours de la première année d’activité. Dans tous les cas, choisir la micro-entreprise vous assure un montant de cotisations sociales proportionnel à votre chiffre d’affaires. Le portage salarial est donc une meilleure idée une fois l’activité lancée et stabilisée.
Peu ou pas de liberté dans la gestion des tarifs
De nombreux organismes de portage salarial demandent aux salariés portés candidats de justifier d’un taux journalier moyen (TJM) minimum de 300 €. Cette prérogative leur permet de leur côté d’assurer la rentabilité de leur activité de portage. Néanmoins, ce tarif minimum peut être difficile à atteindre dans les premiers moments d’une activité indépendante. De la même manière, un consultant peut vendre sa journée d’intervention à plus de 300 € , mais à raison d’une seule journée par semaine par exemple.
Enfin, pour s’y retrouver financièrement en tant que travailleur indépendant sous le statut du portage salarial, il est souvent nécessaire de facturer plus cher afin de compenser les frais de gestion pratiqués par l’organisme de portage. Dans ce cas, le portage salarial est intéressant si vous acceptez d’être payé un peu moins en l’échange du statut de salarié, qui reste un avantage non négligeable dans la vie de tous les jours.
À retenir sur le portage salarial
- Le portage salarial est un statut prometteur qui combine réellement tous les avantages de l’entrepreneuriat et ceux du salariat. Il répond de ce fait parfaitement aux mutations actuelles du monde du travail ainsi qu’à la demande des entreprises.
- Parmi les avantages à devenir salarié porté, on peut citer : l’accès aux mêmes avantages sociaux que tous les salariés, la tranquillité de confier sa gestion financière à des experts ainsi que la totale liberté d’organisation dans son travail.
Aux avantages s’ajoutent quelques inconvénients : le montant pouvant être considéré comme élevé de la commission prise par les organismes de portage, ainsi que la responsabilité du salarié porté vis-à-vis de l’organisme en ce qui concerne le prix de ses prestations.
