Qu’est-ce que l’illectronisme ? Définition
Un adulte sur trois a déjà renoncé à réaliser une tâche sur Internet car il ne s’en sentait pas capable. Ce type de situation courante appartient à un phénomène plus global : l’illectronisme, un néologisme né de la contraction des termes « illettrisme » et « numérique », et qui renvoie à la notion de fracture numérique. Il fallait un mot pour qualifier la difficulté à laquelle les personnes concernées font face pour utiliser les outils numériques, et mettre en place une vraie lutte contre ce phénomène. Dans cet article, nous vous expliquons en détail la notion d’illectronisme. Vous serez ainsi en mesure de la comprendre et de savoir contrer ce phénomène grâce à nos solutions pour améliorer vos compétences numériques.
Définition
Contrairement à ce que le terme peut laisser penser, l’illectronisme ne désigne pas seulement les personnes totalement incapables de se servir d’un ordinateur. Les synonymes « inhabileté numérique », « illettrisme numérique » et « illettrisme électronique » nuancent la définition de l’illectronisme en tant que difficulté pour accéder aux ressources électroniques et pour s’en servir.
Les 2 formes principales d’illectronisme
Par ailleurs, les personnes en situation d’illectronisme peuvent correspondre à deux catégories :
- celles qui rencontrent des difficultés dans la pratique, c’est-à-dire dans l’utilisation concrète d’Internet et des différents supports numériques ;
- celles qui ont du mal à interpréter le contenu diffusé en ligne, n’étant pas en mesure de vérifier que les informations véhiculées sont fiables.
Dans la première catégorie, on retrouve les publics pour qui se servir d’un smartphone ou d’un ordinateur représente une grande difficulté. Quelles qu’en soient les raisons (aversion totale pour la technologie, crainte de mal faire, simple choix de vie, etc.), l’illectronisme « pratique » représente un handicap important dans la vie de tous les jours. Payer ses impôts en ligne, acheter un produit sur un site Internet ou encore remplir un formulaire d’adhésion peuvent représenter des obstacles conséquents. En revanche, la seconde catégorie concerne un plus grand nombre de personnes. Dans le cas de l’illectronisme « de lecture », c’est la dématérialisation des actes administratifs qui exclut de fait les personnes qui présentent ce type de difficultés. Il est très difficile, voire impossible pour des millions de Français, de réaliser leurs démarches de la vie courante en ligne, malgré un accès à Internet en haut débit ou très haut débit. Ces personnes ont généralement du mal à interpréter le contenu diffusé en ligne et peuvent être trompées par des spams ou de fausses informations.
Pôle Emploi ou les services départementaux (Direction départementale, Conseil départemental, Préfecture et sous-préfecture) peuvent aider les populations fragiles, en particulier dans les zones rurales et les quartiers prioritaires. Le milieu associatif s’organise également pour soutenir la lutte contre l’illectronisme. C’est le cas par exemple de l’association Atlas Être & Savoir, qui propose des permanences d’accompagnement individuel ainsi que des cours d’informatique. Pour favoriser l’inclusion numérique, elle développe pour 2021 de nouveaux contenus pédagogiques, notamment une plateforme de e-learning sur laquelle les personnes pourront apprendre à leur rythme à surfer sur Internet, à réaliser leurs démarches administratives en ligne ou encore à rechercher un emploi sur les sites internet spécialisés.
Les origines de l’illettrisme numérique
La principale responsable de cette situation, c’est elle : la fameuse fracture numérique. Schématiquement, elle résulte d’une tension entre, d’une part une accélération trop rapide de la transformation numérique et, d’autre part, un rythme d’acquisition des compétences trop lent pour une certaine partie de la population, qui n’a pas été en contact avec les outils numériques depuis toujours comme c’est le cas pour la génération des millenials. Aujourd’hui, 89 % des foyers français possèdent au moins un support numérique, comme un ordinateur, un smartphone ou une tablette. 87 % disposent d’une connexion Internet. Pourtant, certains ne les utilisent pas. Contrairement aux débuts d’Internet dans les années 2000, ce qui pose problème aujourd’hui, c’est plus l’usage des outils numériques que le niveau d’équipement ou l’accès à Internet.
Les catégories d’usagers du numérique et de l’internet
En janvier 2018, le CSA Research a mené une étude sur un échantillon de 1 000 français environ. Celle-ci a révélé plusieurs profils types d’usagers des supports numériques et d’Internet :
- les « aguerris » : ces usagers n’ont aucune difficulté aussi bien sur le plan technique qu’en ce qui concerne l’accès à l’information en ligne. On parle même de lectronisme pour désigner cette aisance avec les outils digitaux.
Il sont parfois agaçants, mais ils peuvent être d’une grande aide si vous avez des difficultés - les « volontaires » : ce sont ceux qui ne maîtrisent pas tous les aspects de l’usage du numérique, mais font des efforts pour progresser, que ce soit en sollicitant l’aide d’un proche ou en suivant une formation de mise à niveau.
- les « décalés » : cette catégorie d’usagers présente de réelles difficultés d’utilisation et de lecture du numérique, mais utilise Internet occasionnellement, lorsque cela est nécessaire.
- les « réfractaires » sont des personnes qui ont décidé de se passer totalement du numérique, par choix lié à leur mode de vie. Ils présentent une vraie aversion pour tout ce qui a trait au numérique et au web.
- les « abandonnistes » ont eux aussi laissé tomber tout usage numérique, non pas par choix, mais par découragement.
En analysant plus précisément les chiffres de ce baromètre, on se rend rapidement compte que l’illectronisme touche toutes les catégories de la population, et non pas seulement les seniors et demandeurs d’emploi. Au moment de l’enquête, 19 % des sondés avouent avoir renoncé au moins une fois à une démarche sur Internet au cours de la dernière année écoulée. Parmi ce panel :
- ⅔ sont des actifs.
- ⅓ ont entre 50 et 64 ans.
- 21 % d’entre eux sont des digital natives, c’est-à-dire des jeunes qui ont grandi avec les technologies numériques.
Les enjeux et solutions de l’illectronisme
Si tant d’usagers sont confrontés à des difficultés voire à des obstacles lors d’une navigation sur Internet, ce n’est pas seulement à cause d’une incapacité à utiliser un ordinateur selon les défenseurs de la citoyenneté et de l’égalité des chances sur Internet. Il est vrai que de nombreux obstacles pourraient être levés : mots de passe trop complexes ou non intuitifs, contenus textuels trop lourds par rapport aux normes du web, manque d’ergonomie de certaines pages, etc.. Pour favoriser l’accès aux services numériques à toutes les catégories socioprofessionnelles, l’INSEE préconise de « réduire, à tous les âges et tout au long de la vie, les inégalités matérielles » et de « fournir une formation continue » à l’usage des dispositifs numériques. Sur le long terme, le risque principal de l’augmentation de la fracture numérique est l’exclusion sociale. Pour ce qui est d’utiliser Internet, les usagers touchés sont aussi plus sensibles aux fausses informations qui y circulent, ainsi qu’aux tentatives d’arnaque ou de piratage. Même si les politiques publiques sur la gestion des données personnelles évoluent, avec le RGPD notamment, ces personnes restent trop à l’écart et, pour beaucoup, ne comprennent pas l’intérêt de se protéger lorsqu’elles naviguent sur Internet. Pour agir contre la précarité des personnes en situation d’illettrisme numérique et renforcer le lien social et favoriser l’inclusion numérique, les services publics commencent à s’organiser autour d’une stratégie nationale d’accompagnement social et de lutte contre la fracture sociale et numérique. C’est le cas notamment de l’Agence Nationale de Lutte Contre l’illettrisme (ANLCI), qui a instauré un référentiel pour lutter contre l’exclusion numérique.
Pour conclure
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À retenir sur l’illectronisme
- « Illectronisme » est un terme récent, utilisé pour désigner la situation des personnes en difficulté pour utiliser les outils numériques ;
- c’est une notion qui peut être divisée en 2 parties : d’une part, la difficulté à utiliser les supports digitaux (ordinateur, smartphone, tablette) et d’autre part, des complications pour naviguer et trouver de l’information sur Internet ;
- l’illettrisme numérique est la conséquence de la fracture numérique, c’est-à-dire un décalage de rythme entre le développement des technologies de l’information et la sensibilisation des utilisateurs ;
- l’augmentation de la fracture numérique est un facteur d’exclusion sociale : c’est la raison pour laquelle des actions de prévention et de lutte contre l’illectronisme s’organisent, via la certification CléA numérique notamment ;
- lutter contre la fracture numérique permet de renforcer l’insertion professionnelle des personnes vulnérables face à l’accès au numérique.